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Élève de primaire du collège de la Sainte Famille française à Jounieh © Collège de la Sainte Famille française

Éducation au Liban. Le BICE se mobilise

Au regard de la grave crise économique qui frappe le Liban et des conséquences sur les enfants de la fermeture des écoles pendant près d’un an et demi, le BICE a décidé de soutenir le collège de la Sainte Famille française de Jounieh qui se mobilise contre le décrochage scolaire.

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Le Liban s’effondre depuis l’automne 2019, sous le poids d’une crise économique sans précédent. L’une des pires qu’un pays ait connue depuis 1850 selon la Banque mondiale. Le chômage a explosé, la pauvreté aussi. La livre libanaise ne cesse de baisser depuis deux ans passant de 1 500 livres pour un dollar à plus de 20 000 livres actuellement ; avec des conséquences dramatiques pour les habitants.

Au Liban, plus de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté

« Les salaires en livres n’ont pas été revus à la hausse. Pour vous donner une idée : la paye d’un enseignant débutant d’environ 1,5 million de livres équivalait à 1 000 dollars en 2019 contre seulement 70 dollars aujourd’hui. Comme les prix de beaucoup de produits sont eux restés indexés sur le dollar, la vie est devenue excessivement chère. C’est très dur. Les gens ont du mal à nourrir leur famille », s’alarme Sœur Eva Abou Nassar du collège de la Sainte Famille française de Jounieh, à 20 km au nord de Beyrouth.

Autre difficulté : les énergies (pétrole, électricité, gaz) manquent et leurs coûts explosent. Le prix des 20 litres d’essence a ainsi atteint 312 000 livresla semaine dernière. Et ceci touche d’autant plus la population qu’il y a peu auLiban de transport en commun. « L’essence est devenue un luxe que peu de personnes peuvent se payer. Le salaire mensuel minimum de 675 000 livres suffit à peine à faire un plein, précise Sœur Eva. Cette hausse des coûts de l’énergie a aussi des répercussions importantes sur le fonctionnement de notre collège. Éclairer les salles de classe et nous approvisionner en mazout nous coûte tellement cher que nous avons décidé, avec la reprise en présentiel à la rentrée début septembre, de passer de cinq jours d’école par semaine à quatre. Cela permet aussi aux enseignants et aux parents d’économiser un jour de transport. »

Les enfants fragilisés sur le plan scolaire et psychologique

Face à cette grave crise économique et financière, l’inaction de la classe politique libanaise a été épinglée à plusieurs reprises par la Banque mondiale. Quant à la pandémie de covid-19 et au confinement, ils n’ont fait qu’aggraver la situation ; fragilisant notamment les enfants sur le plan scolaire et psychologique. Ainsi, pour les responsables de l’établissement, l’enjeu aujourd’hui consiste à maintenir les jeunes générations à l’école. À ne pas les perdre en cours d’apprentissage.

« Au Liban, les écoles ont été fermées en mars 2020 pour éviter la propagation du virus. Et l’année dernière, nous avons rouvert seulement trois semaines pour les cycles 1 et 2. Mais peu d’élèves sont venus, les parents avaient peur de la pandémie. Pour les enfants, ce confinement a été long et particulièrement anxiogène vu la situation du pays. Même si notre école a mis en place des cours en distanciel de qualité, ce n’est pas pareil qu’en présentiel… Le tiers des élèves n’avait pas d’ordinateur et devait utiliser le portable de leurs parents quand celui-ci était disponible. Certains aussi ne pouvaient être aidés par leurs parents. Dans ces conditions, plusieurs ont pris du retard ou même ont décroché. »

Un soutien scolaire et alimentaire

Dans ce contexte, l’établissement,  avec l’appui financier du BICE a décidé de mettre en place des cours de soutien scolaire pour les élèves en grande difficulté du Cm1 à la 3e. De mi-novembre à mai, entre 30 et 60 enfants bénéficieront ainsi, deux après-midis par semaine, de deux heures d’accompagnement personnalisé gratuit (15h-17h)*. Ces deux jours, la congrégation prendra également leur déjeuner en charge.

« Près de la moitié des parents de nos élèves n’ont pas pu nous payer la totalité des frais de scolarité l’année dernière ; nous avons dû doubler les aides octroyées aux familles en difficulté. Alors comment pourraient-ils payer des cours de soutien ? souligne Sœur Eva. Leur fournir le repas permet d’assurer aux enfants un apport nutritif essentiel à leur développement. »

La mise en place d’un atelier de développement personnel, animé par l’assistante sociale ou un animateur culturel. Il permettra aussi aux enfants de s’exprimer sur ce qu’ils vivent. Une démarche nécessaire pour faire face aux nombreuses crises qui les affectent.

Liban soutien scolaire

Un complément de salaire pour les enseignants volontaires

Les cours de soutien scolaire seront donnés par les enseignants volontaires, qui pourront ainsi augmenter un peu leur rémunération mensuelle. Dix se sont déjà dits intéressés.  « L’année dernière, 20 enseignants sont partis travailler à l’étranger ou pour des entreprises étrangères qui payent les salaires en dollar. C’est un coup dur à chaque fois, mais nous le comprenons. Ce projet est donc aussi un moyen pour nous d’améliorer un peu leur situation financière. Surtout que nous savons que la situation économique ne va pas s’améliorer rapidement. Nous parlons ici d’encore au moins trois ou quatre années très difficiles. »

*Les 1 200 élèves (Petite section-3e) du collège de la Sainte Famille française ont cours de 8h15 à 14h30.

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