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© T. Louapre
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16 juin. Journée mondiale de l’enfant africain

La journée mondiale de l’enfant africain, célébrée le 16 juin, est l’occasion de rappeler l’importance de soutenir tous les enfants, de se mobiliser pour défendre le respect des droits et de la dignité de chacun d’entre eux. Une journée d’autant plus importante cette année que la covid-19 a eu des conséquences dramatiques sur la vie de millions d’enfants, notamment en Afrique.

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Sous le thème « Élimination des pratiques néfastes affectant les enfants », la journée mondiale de l’enfant africain 2022 est l’occasion de faire un état des lieux des progrès réalisés dans ce domaine depuis 2013 (la journée portait sur le même thème). Mais aussi de rappeler l’importance de lutter contre ces pratiques qui coupent les enfants, et notamment les filles, de l’accès à leurs droits, et dont la plupart ont augmenté pendant la pandémie de covid-19.

Mais qu’entend-on par pratiques néfastes ? La Conférence de l’Union africaine qui a adopté en 2017 l’Agenda 2040 pour les enfants, précise que les pratiques néfastes comprennent des actes tels que les mutilations génitales féminines (MGF), les mariages d’enfants, les châtiments corporels, la maltraitance des enfants sorciers, le travail forcé, la violence sexuelle ou encore l’exploitation sexuelle.

Dans une note conceptuelle sur la journée internationale de l’enfant africain 2022, le Comité africain d’experts sur les droits et le bien-être de l’enfant (CAEDBE) s’arrête sur certaines de ces pratiques les plus courantes. Et propose un bref état des lieux. En voici quelques éléments.

Des avancées sur le plan législatif mais des applications insuffisantes

Sur le plan législatif, des avancées ont été enregistrées notamment concernant la lutte contre les mariages précoces et les MGF. Pratiques traditionnelles néfastes dans 29 pays africains, les MGF étaient peu condamnées par les lois de ces pays dans les années 1990. Aujourd’hui, ils sont 27 à avoir adopté une législation les criminalisant. Même constat concernant les mariages précoces pour lesquels des lois les proscrivant sont récemment entrées en vigueur dans plusieurs pays. Deux exemples :  le Zimbabwe en 2015 et le Malawi en 2017. Cependant, « l’application insuffisante de la loi est un facteur majeur de l’échec de l’élimination des pratiques néfastes en Afrique », souligne le CAEBDE. Et la pandémie de covid-19 n’a fait qu’aggraver la situation.

Les taux de mariage des enfants les plus élevés au monde

Ainsi, alors que l’Afrique enregistrait déjà les taux de mariage les plus élevés au monde*, ces derniers ont augmenté pendant la crise sanitaire et les confinements (À lire l’exemple du Malawi). Notons également que les pays où le mariage des enfants est très répandu présentent aussi des taux élevés de mortalité maternelle et infantile ainsi que de natalité chez les adolescentes.

Les cas d’excision en augmentation pendant la crise sanitaire

Sur la même période, une augmentation considérable des cas d’excision a été observée en Somalie, au Somaliland, au Kenya, en Tanzanie et au Soudan. « Des taux de prévalence des MGF supérieurs à 80 % ont été recensés à Djibouti, en Égypte, en Érythrée, au Mali, en Sierra Leone et au Soudan ; les taux les plus élevés étant enregistrés en Guinée et en Somalie, avec respectivement 97 % et 98 % », précise le CAEBDE.

86,6 millions d’enfants astreints au travail en Afrique subsaharienne

L’Afrique subsaharienne est la région où le pourcentage et le nombre d’enfants astreints au travail sont les plus élevés. Selon l’Organisation internationale du travail (OIT) et l’Unicef, en 2021, 23,9 % des enfants âgés de 7 à 17 ans de cette région travaillaient en 2020, soit 86,6 millions d’enfants. La plupart au sein de leur cellule familiale et dans le secteur agricole. Cela représente plus de la moitié du nombre d’enfants travailleurs dans le monde (160 millions). Un chiffre qui devrait augmenter d’ici la fin de 2022 estiment les agences de l’ONU si aucune politique d’atténuation (protection sociale) n’est mise en place.

Les châtiments corporels, une pratique courante

Enfin, le CAEDBE note que les châtiments corporels restent une pratique néfaste courante en Afrique que ce soit au sein des familles ou dans les écoles. « Les châtiments corporels sont toujours pratiqués dans les écoles dans plus de la moitié des pays africains, sous prétexte qu’il s’agit d’un châtiment raisonnable. Le recours à une discipline violente à la maison est presque universel au Burundi, au Ghana et au Mozambique, où plus de neuf enfants sur dix ont subi une forme de châtiment corporel à la maison. Le taux de châtiment corporel en Afrique du Sud est de 56 %. » Ainsi, seuls neuf pays africains ont interdit les châtiments corporels dans tous les milieux.

Ces pratiques néfastes affectent le droit à l’éducation

L’ensemble de ces violations privent les enfants de l’accès à leurs droits et notamment à leur droit à l’éducation. Et les filles sont particulièrement concernées. Ce n’est donc pas surprenant que, selon l’Unesco, l’Afrique subsaharienne ait les taux les plus élevés de non-scolarisation. Avant la pandémie, cela représentait déjà plus d’un cinquième des enfants âgés de 6 à 11 ans, suivi par un tiers des enfants âgés de 12 à 14 ans.

Dans ce contexte difficile, cette journée internationale est donc l’occasion de rappeler au plus grand nombre la nécessité d’agir, de se mobiliser pour mieux protéger les enfants du continent africain et leur permettre de grandir dans la dignité et le respect de leurs droits.

*En Afrique subsaharienne, une femme ou une fille sur quatre est mariée avant l’âge de 18 ans. La prévalence du mariage des enfants est la plus élevée en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, et à peine plus faible dans les régions de l’Afrique de l’Est et du Sud. Voici quelques exemples de taux : 2% (Tunisie), 55% (Mali), 68% (RCA et Tchad), 76% (Niger).

Actions du BICE en Afrique

enfants Afrique Togo
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Depuis le début des années 1980, le BICE est présent auprès des enfants d’Afrique, à travers des projets menés avec des partenaires locaux professionnels et engagés. Actuellement, le BICE et ses partenaires mènent des actions dans 10 pays d’Afrique subsaharienne*. Ils accompagnent les enfants sur plusieurs plans en fonction des besoins évalués sur le terrain : l’accès à éducation des plus vulnérables, la justice juvénile, l’inclusion des enfants en situation de handicap, la formation à la résilience, la lutte contre la violence. Depuis le début de la crise sanitaire mondiale, le BICE a également renforcé ses actions humanitaires d’urgence (distribution de denrées alimentaires et de produits d’hygiène notamment) ; qu’il a couplé à du soutien au développement d’activités génératrices de revenus (aviculture au Cameroun, plantations et élevage de lapins en RDC, ainsi que divers commerces). L’objectif étant que les familles, plongées dans l’extrême pauvreté par la crise, retrouvent une certaine sécurité alimentaire et une autonomie financière.

À l’occasion de la journée mondiale de l’enfant africain, le BNCE-Togo par exemple mène plusieurs activités de sensibilisation contre les pratiques traditionnelles néfastes. Au marché de Lomé aujourd’hui. Et à Tabligbo demain en présence des chefs communautaires, des autorités administratives et communale, de la ministre de l’Action sociale. Demain durant la cérémonie, les enfants et les jeunes plaideront pour que davantage d’actions soient mises en place pour l’élimination des pratiques néfastes à leur encontre.

*Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Mali, Malawi, Mozambique, République démocratique du Congo, Tchad, Togo

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