Au Guatemala, les données sur les enfants et les adolescents sont particulièrement inquiétantes. Et ce, alors que ces derniers représentent 41% de la population (soit 7,6 millions). Pour n’en citer que quelques-unes issues de l’Institut national de statistiques :
- 6 enfants sur 10 vivent dans la pauvreté, 8 sur 10 chez les enfants indigènes. Le Guatemala est le pays le plus pauvre d’Amérique latine.
- 23 enfants sur 1 000 meurent avant 5 ans.
- Le Guatemala est le premier pays d’Amérique latine pour la malnutrition chronique des enfants et le sixième mondial.
- 44% des adolescents âgés entre 15 et 17 ans ne sont pas scolarisés.
Dans ce contexte, l’ODHAG et le BICE travaillent ensemble afin de donner des clés aux enfants et aux adolescents pour favoriser leur développement intégral. Forment les parents pour qu’ils les accompagnent dans ce processus. Et renforcent les compétences des professionnels susceptibles de les soutenir. « Nous partons du principe que l’accompagnement des enfants et adolescents passe aussi par le fait de leur fournir un environnement apaisé et propice à leur développement. D’où la mise en place d’actions pour ces différents publics », explique Ninfa Alarcon, chargée du projet à l’ODHAG.
Soutien psychologique aux enfants et aux adolescents
Le soutien psychologique a été largement développé en 2023. Et ce, afin de répondre aux fortes demandes de la population très affectée par la covid-19 et le confinement. Quatre nouveaux espaces d’écoute ont été créés, en plus des deux existants. Et 13 psychothérapeutes (en fin d’études) de l’université Rafael Landivar et de l’université San Carlos de Guatemala se sont mobilisés. Le nombre de patients suivis (âgés entre 5 et 18 ans) est ainsi passé de 16 en 2022 à 52 (20 filles et 32 garçons) entre janvier et juin 2023. Les enfants étant issus de familles défavorisées, un goûter leur est servi à chaque consultation, ainsi qu’un aide pour payer le transport si nécessaire.
Trois des espaces sont situés dans des écoles du quartier défavorisé de Mixco. Une psychologue se rend une fois par semaine dans chaque établissement et s’occupe de trois patients par jour en moyenne. Les autres espaces se trouvent dans les locaux de l’ODHAG. Ils sont ouverts tous les matins du lundi au vendredi. Un suivi psychologique à distance a aussi été mis en place pour les adolescents de plus de 12 ans.
Pour les deux modalités de soins, les motifs de consultation sont divers : séparation des parents, comportement impulsif, mauvais résultats scolaires, deuil complexe, identification de modèles parentaux malsains, symptômes d’anxiété, de dépression, d’autisme… « Nous avons aussi noté de nombreux cas d’enfants submergés par des pensées et des comportements suicidaires. Ce constat a été également fait dans d’autres centres que les nôtres. Une situation préoccupante qui nous incite à travailler sur la mise en place d’actions de prévention liées à ce sujet », explique notre partenaire.
Ateliers de promotion de la santé mentale
Huit ateliers ont été organisés, avec en moyenne 40 participants, entre avril et mai dont :
- deux à destination des enfants. « Je découvre mes émotions » et « Je travaille ma confiance en moi ».
- deux à destination des adolescents. « Quelle image j’ai de moi » et « Vivre sereinement en connaissant mes droits ».
- deux pour les parents. « Qu’est-ce que cela signifie d’être un père ou une mère ? » et « Stratégies pour une communication efficace et une coexistence familiale saine ».
- et deux pour les éducateurs. « La santé mentale comme base du bien-être » et « L’autogestion émotionnelle ».
Formations diplômantes à distance et en présentiel pour améliorer l’environnement des enfants
Les formations d’ODHAG destinées aux parents et aux professionnels de la petite-enfance et de l’enfance (éducateurs, animateurs, travailleurs sociaux, enseignants, etc.) sont menées en virtuel et en présentiel. Le virtuel permet d’atteindre des personnes au niveau de tout le territoire national, mais aussi d’autres pays d’Amérique centrale tels que le Honduras et le Salvador, sujets eux aussi à des défaillances en matière d’éducation, de santé, de nutrition, etc.
Bientraitance dans la famille
Trois ateliers organisés en juin en direction de 70 parents ont permis de contribuer à la prévention de la violence au sein de la cellule familiale. Au cours du premier atelier, il s’agissait de partager avec les participants une définition de la bientraitance en la reliant aux différents stades de développement des enfants. Et de fournir des outils pratiques à appliquer à la maison tels que l’écoute active, le jeu ou encore le mur de la bientraitance*.
Lors du 2e atelier, l’animatrice, psychologue au sein de l’ODHAG, a évoqué l’importance de proposer un cadre aux enfants. Et a présenté la discipline comme une partie fondamentale de l’éducation et de la croissance intégrale des enfants, tant qu’elle est mise en place avec respect et amour. Le 3e atelier a, lui, porté sur la résilience et les facteurs qui la favorisent. Une formation très appréciée. En témoigne la réaction de Leslie : « Je pense qu’il est important d’apprendre à être parent. Suivre ce type d’atelier est très formateur, nous enrichit et améliore notre comportement pour être de meilleurs parents dans les différentes étapes de la vie de nos enfants. »
Deux formations Petite enfance
Au Guatemala, les enfants de moins de 7 ans (avant l’entrée à l’école) sont l’une des populations les moins suivies. Cette période est pourtant fondamentale dans le développement des filles et des garçons. Les deux formations diplômantes sont proposées par ODHAG d’août à octobre 2023. La première destinée aux parents aborde plusieurs thèmes. Parmi eux : le développement physique, cognitif, social, affectif, le langage, l’attachement, l’intelligence émotionnelle, l’estime de soi, les intelligences multiples, etc. La deuxième formation à destination d’éducateurs se concentre sur les stratégies et méthodologies éducative. Dans les deux cas, les participants qui auront suivi le processus avec succès obtiendront leur diplôme en novembre.
Autres actions prévues d’ici la fin de l’année 2023
- Une campagne numérique sur la bientraitance mise en place en collaboration avec le réseau BICE Amérique centrale (Mesa BICE AC) est prévue en octobre et novembre.
- Un travail avec les familles les plus démunies sera mis en place afin qu’elles réfléchissent à la création d’une activité génératrice de revenus qui leurs correspondent. Il sera suivi d’une formation à l’entreprenariat puis du lancement de l’activité.
- Une aide humanitaire sera distribuée aux familles les plus vulnérables.
*Le mur de la bientraitance consiste à accrocher une affiche dans une pièce de vie de la maison sur laquelle sont rappelés différents gestes ou façons de se comporter « bientraitants ». L’écoute, le respect, le dialogue, le fait d’être disponible pour l’autre, etc.
