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Père Alessandro Rea

“Le mot solidarité devrait devenir la clé”

Dans ce contexte de pandémie, source d'inquiétude mais aussi de remise en cause de notre mode de vie, le BICE propose une série de réflexions spirituelles à travers des entretiens. Pour cette deuxième interview, une rencontre avec le père Alessandro Rea, directeur de la pastorale numérique du diocèse de Sora-Cassino-Aquino-Pontecorvo et professeur de religion catholique au lycée Leonardo Da Vinci de Sora dans la région du Latium (Italie).

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Le pape François a invité toute l’humanité à prier deux fois. La première à l’occasion de la bénédiction d’Urbi et Orbi le 27 mars, la seconde à l’occasion de la Journée mondiale de la prière le 14 mai. Pourquoi cette insistance sur la prière ?

La prière a toujours été une réponse de certains qui se voient impuissants face à une réalité dramatique qui les dépasse. Ou d’autres qui recherchent de la clarté, de la vérité. Et enfin, de ceux qui rendent grâce parce qu’ils découvrent que la joie n’est pas seulement le fruit de l’effort humain ou du hasard. La prière est une action invisible et spirituelle, qui implique le corps et transcende les sens et l’intellect. C’est le désir d’une rencontre infinie, qui commence et aboutit à Dieu. Prier Dieu, c’est comme aller à la rencontre d’une réalité, je dirais comme chercher à entrer en contact avec une personne à qui je veux parler et dont je veux croire qu’elle m’entend.

Ce que tout le monde ne sait pas, c’est que la prière est un acte aussi bien laïque qu’athée (cf. l’hymne “Imagine”) ! Même si l’on ne croit pas en Dieu, on peut concevoir la grande altérité de la nature, de celui qui a voulu la vie et la pensée profonde de l’existence. La prière témoigne ainsi du besoin de l’humanité de ne plus être seule, de se relier à l’infini, de communiquer avec lui.

Qu’il est beau de savoir que dans le silence d’un lieu, dans le respect de toute doctrine religieuse, la prière devient une dimension fondamentale de quiconque veut toucher à la grandeur du monde visible et invisible. Surtout dans la situation difficile et délicate de la pandémie. L’invitation du Pape unit ainsi différentes cultures et religions, de toutes les latitudes, touchant le cœur de toute l’humanité.

Quel est donc le but de la croissance spirituelle pour l’homme et la femme d’aujourd’hui ? Est-ce une question qui ne concerne que les chrétiens ?

Tout d’abord, la croissance spirituelle concerne toute l’humanité sans distinction de sexe, d’âge ou de culture. Ce n’est pas seulement une notion chrétienne. En effet, les religions anciennes comme l’hindouisme et les philosophies de vie comme le bouddhisme, nées bien avant le christianisme, nous enseignaient déjà les processus méditatifs de la conscience de soi, de nos possibilités réelles et de l’élévation de l’esprit. Ce processus est une véritable recherche d’amélioration de la qualité de l’existence.

Se connaître soi-même et faire ressortir les valeurs humaines qui nourrissent la douceur, la fraternité, la maîtrise de soi, la capacité de se sacrifier pour les autres, qui nous aident dans la poursuite de la vérité. Tous ces éléments nous rendent meilleurs ainsi que le monde qui nous entoure. Quelles que soient nos croyances, nous parlons ainsi de croissance spirituelle. C’est important à une époque où chaque personne ressent le besoin de progresser parce qu’elle recherche le bonheur, la paix et l’harmonie intégrale.

Quelles leçons “spirituelles” la Covid-19 laisse-t-elle à moyen et long terme ?

Des leçons sur la valeur de la vie, le respect des règles sociales. Nous pouvons utiliser le terme “spirituel” si, dans nos réflexions sur la pandémie, nous nous rendons compte que nous sommes vraiment semblables face à elle.

Tous égaux et tous vulnérables. Mais aussi capables de surmonter, ensemble, la propagation de l’ennemi invisible. La grande leçon est de se considérer comme faisant partie d’un grand système, ni économique ou financier, ni politique ou social. Mais un écosystème de vies connectées et respectables. Aucune loi gouvernementale, sociale ou économique ne peut être supérieure à la vie, à ses droits et au devoir de protéger la croissance intégrale des enfants.

Que pouvons-nous dire directement aux enfants et aux jeunes sur cette expérience Covid-19 pour leur avenir ?

Les enfants et les jeunes sont l’avenir de la planète Terre. Ils sont l’espoir d’un monde où le respect de la nature, les découvertes médicales et les nouveaux horizons de paix peuvent devenir réalité. Ils sont un “pont” entre l’étude et le rêve, créant une société respectueuse des autres, où la différence est perçue comme une richesse.

La covid-19 peut représenter le début d’un voyage tourné vers l’aide envers son prochain, la recherche du bien-être et du bien de l’humanité. Le mot “solidarité” devrait alors devenir la clé.

 

 

 

 

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