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Sport droit de l'enfant
© T. Louapre
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Le sport. Un droit qui reste à garantir… ou à se réapproprier

L’accès à des activités sportives fait, au même titre que celui aux jeux ou à la vie culturelle, partie intégrante des droits définis par la Convention relative aux droits de l’enfant (CDE - art. 31). Néanmoins, tous les enfants ne jouissent pas de ce droit, loin s’en faut : manque de moyens, absence d’infrastructures adaptées aux handicaps, inégalités liées au genre, …ou encore concurrence des écrans !

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La pratique d’un sport est plus qu’un loisir ou une passion, il s’agit d’une des conditions in­dispensables au dévelop­pement physique, cognitif et psychique de tout être humain, comme l’explique Lara Tagliabue, chargée de projets à la Fondation Laureus*. « Dans les premières phases de sa vie, un enfant découvre le monde à travers son corps. S’il arrête d’en expérimenter les capacités et les limites, il n’atteindra pas son plein potentiel . »

Les bienfaits du sport sont en effet loin de n’être que physiques. Le sport déve­loppe le goût de l’effort, le désir de réus­sir et de se surpasser tout en respectant des règles. Il améliore les capacités émo­tionnelles et relationnelles. Il favorise les liens sociaux et la solidarité, apprend à partager, à agir ensemble et à accepter de perdre, bref, tout ce qui aide à mieux affronter les difficultés de la vie. « Les études montrent que grâce au sport, poursuit Lara Tagliabue, les enfants is­sus de milieux défavorisés trouvent les ressources pour améliorer leur avenir, car ils font l’expérience qu’avec de la persévé­rance et de l’endurance, on finit par ac­complir des choses qui nous paraissaient a priori impossibles. »

Pour toutes ces raisons, la pratique d’un sport fait partie des droits de l’enfant exprimés par la CDE. Même si, dans les faits, ce droit reste garanti de manière trop inégalitaire.

Sport droit de l'enfant
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Des préjugés et des inégalités

Dans le domaine du sport comme dans tant d’autres, les inégalités sont, pour de multiples raisons, encore flagrantes entre garçons et filles : des pratiques culturelles néfastes qui interdisent à ces dernières certaines tenues et postures ou des fléaux comme les mariages précoces qui les assignent prématurément à un rôle de mère et aux tâches domestiques.

Ces inégalités proviennent également de préjugés tenaces, selon lesquels les filles seraient par exemple moins faites pour le sport, pas assez fortes physiquement, plus fragiles.

« Le sport n’est pas présenté comme fon­damental pour leur avenir, déplore Lara Tagliabue. Celles qui ont la possibilité d’en faire dans le cadre scolaire conti­nuent rarement par la suite, spéciale­ment dans les familles à faibles revenus qui, si elles doivent payer pour une activi­té sportive, le feront plus volontiers pour les garçons. » Moins nombreuses à pra­tiquer certaines disciplines, les filles ne disposent pas forcément de vestiaires ou d’entraîneurs dédiés, ce qui devient un nouveau frein à leur pratique.

Encourager par l’exemple

Il faut donner plus de visibilité à celles qui réussissent dans le sport, constate Lara Tagliabue. Nous voulons que les filles puissent rêver de devenir des ath­lètes, car même si elles n’y parviennent pas, la pratique d’un sport leur aura donné une confiance en elles qui les aidera plus tard à exceller dans le métier qu’elles souhaite­ront exercer. Il y a également un vrai travail à mener dans les écoles pour sen­sibiliser les adultes comme les élèves au fait que les filles doivent pouvoir choisir le sport qui correspond à leur potentiel et qui ne sera pas nécessairement la gym­nastique artistique. »

Ces constats sont vrais également pour les enfants en si­tuation de handicap à qui la pratique d’un sport est doublement indiquée car ils y développent des capacités pour surmonter leurs obstacles quotidiens et leurs peurs. À ce titre, la médiatisation grandissante des jeux paralympiques bouleverse les représentations d’un champion sportif. Les enfants, quel que soit leur handicap, peuvent se rêver dans quasiment toutes les disciplines. En France, l’adoption en 2005 de la Loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des per­sonnes handicapées a permis de grandes avancées pour faciliter l’inclusion de ces enfants dans les cours de gymnastique scolaire et les clubs sportifs.

Une tendance à la sédentarisation

Aujourd’hui, c’est l’évolution de nos mo­des de vie, notamment l’augmentation du temps passé devant les écrans et l’uti­lisation accrue des transports motorisés, qui menace la pratique sportive chez les enfants. Les taux d’activité physique de ces derniers à l’échelle mondiale at­teignent même des niveaux de crise, selon l’AHKGA (Alliance mondiale pour des enfants actifs et en bonne santé). Son rapport mondial de 2018, basé sur une étude menée dans 49 pays, révèle que la tendance est générale. Les défis varient évidemment selon les zones géographiques et le niveau de dévelop­pement ; mais le rapport souligne que les pays où les enfants sont les plus ac­tifs (Slovénie, Zimbabwe et Japon) ont un point commun qu’on peut qualifier de culturel : l’activité physique n’y est pas seulement un choix, mais fait in­tégralement partie du mode de vie des populations.

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Le sport, vecteur d’inclusion

Si les confinements successifs durant la pandémie n’ont bien sûr fait qu’ampli­fier ce phénomène de sédentarisation, Lara Tagliabue se veut optimiste. Pour elle, la crise sanitaire nous a également montré combien le fait de rester enfer­mé chez soi, sans pouvoir se dépenser, portait atteinte à notre moral. « Il y a des progrès, note-t-elle, bien qu’il reste en­core beaucoup à faire, notamment pour que le sport soit considéré comme une discipline à part entière. » C’est la condi­tion selon elle pour que le sport produise pleinement ses effets, et parfois même de petits miracles de résilience pour des enfants en grandes difficultés.

« Nous avons démarré il y a quatre ans un pro­gramme avec des jeunes filles de 11 à 14 ans, de toutes origines, issues de Quarto Oggiaro, l’un des quartiers les plus dé­favorisés de la banlieue de Milan. Ces jeunes filles vivaient au même endroit, mais ne se mélangeaient jamais. Nous leur avons proposé un sport d’équipe, le softball, inconnu de toutes, afin qu’elles partent toutes de zéro. Aujourd’hui, elles forment une véritable équipe et l’une d’elles, Veronica, vient même d’intégrer l’équipe régionale. Pour elle, ce pro­gramme a été la meilleure chose qui lui soit arrivée. Dans ce quartier où le taux de décrochage scolaire est élevé, il y a fort à parier qu’elle aurait aussi aban­donné ses études sans la confiance en soi et les valeurs acquises au sein de son équipe. Aujourd’hui, Veronica est sur le point d’entrer à l’université. »

* La Fondation Laureus promeut la pratique du sport comme un moyen permettant les échanges sociaux afin d’améliorer la vie ou l’intégration des jeunes en situation de précarité à travers le monde.

Testez la forme des enfants

Le Vidal* a mis au point de petits exercices simples pour mesurer la forme physique des enfants, à partir de 6 ans. L’occasion d’un peu d’exercice en famille, sur la plage ou dans l’herbe en cette période de vacances.

Il n’est pas nécessaire d’être capable de les faire tous, mais tout de même une bonne majorité d’entre eux, sans forcer bien sûr. Un, deux, trois, c’est parti !

• Couché sur le dos, jambes tendues et chevilles maintenues, se relever lentement en position assise.

• Même exercice, couché sur le dos, mais les genoux fléchis et les chevilles également maintenues.

• Couché sur le dos, les mains derrière la nuque, maintenir les jambes tendues à 30 cm au-dessus du sol pendant 10 secondes.

• Allongé sur le ventre, sur un coussin, les mains sur la nuque, les chevilles et le bassin maintenus au sol, soulever le tronc et rester ainsi 10 secondes.

• Allongé sur le ventre, les mains sous le front, le tronc maintenu, soulever ses jambes tendues pendant 10 secondes.

* Le dictionnaire Vidal est l’ouvrage de référence des produits de santé et de l’information médicale à destination des professionnels de santé.

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