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Enfants - insécurité alimentaire - faim / rapport sur la faim dans le monde
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Monde. 1 personne sur 11 a souffert de la faim en 2023

Face à la situation alarmante de la faim et de l’insécurité alimentaire, un rapport coécrit par cinq institutions des Nations unies appelle à une action urgente.

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« Le recul enregistré dans la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) et les niveaux toujours élevés de la faim, de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition constatés ces dernières années font que le monde n’est plus en voie d’atteindre les cibles 2.1 et 2.2 des ODD – éliminer la faim, l’insécurité alimentaire et la malnutrition sous toutes ses formes d’ici à 2030. » Le rapport 2024 L’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde, coécrit par cinq institutions des Nations unies*, est sans appel. La situation mondiale est critique. Alors que les États s’étaient déjà engagés à respecter ce droit en 1966 à travers l’adoption du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (art.11).

La faim et l’insécurité alimentaire en chiffres

Il est estimé qu’en 2023 entre 713 et 757 millions de personnes ont souffert de la faim. Ce qui représente environ 9 % de la population mondiale, 1 personne sur 11. Cette proportion globale est inchangée depuis 2021, après une considérable augmentation pendant la pandémie de covid-19. En 2019, la faim touchait en effet 7,5 % de la population.

L’Asie compte toujours plus de la moitié des personnes en proie à la sous-alimentation, bien que les taux sur ce continent restent relativement stables depuis 2022 (8,1 %). En revanche, en Afrique, où la proportion de la population touchée par la faim est la plus forte, ce fléau continue d’augmenter. Il affectait environ 20,4 % de la population en 2023 (6,2 % en Amérique latine et dans les Caraïbes et 7,3 % en Océanie). Précisons que quelques progrès ont été relevés en Amérique latine.

Outre la faim**, le rapport s’est également intéressé à l’insécurité alimentaire modérée ou grave** qui est, elle aussi, plus élevée qu’en 2019. En 2023, elle concernait 28,9 % de la population mondiale, soit 2,33 milliards d’habitants.

L’accès à une alimentation saine et les défis en matière de nutrition

L’accès à une alimentation saine reste difficile pour plus d’un tiers de la population. Et ce, pour des raisons économiques. En 2022, environ 2,8 milliards de personnes n’ont pu se permettre une alimentation saine dont le coût moyen par personne et par jour était estimé à 3,96 USD (soit 3,63 euros). Avec de fortes inégalités régionales. L’Afrique présentait le plus grand nombre de personnes dans cette situation (924,8 millions).

Bien que des améliorations aient été observées dans la lutte contre le retard de croissance et l’émaciation (poids faible par apport à la taille) chez les enfants de moins de cinq ans, le rapport souligne que le monde n’est pas sur la bonne voie pour atteindre les sept cibles relatives à la nutrition fixées pour 2030. Par exemple, l’anémie chez les femmes en âge de procréer (15-49 ans) a continué d’augmenter, atteignant 29,9 % en 2022. La proportion d’enfants présentant une insuffisance pondérale à la naissance stagne autour de 15 % et le retard de croissance chez les enfants de moins de cinq ans, bien qu’il ait diminué, atteint encore 22,3 %.

L’obésité chez les adultes est également en hausse, avec près de 16 % de la population mondiale concernée.

Les causes de l’augmentation de la sous-alimentation

Le rapport identifie plusieurs causes profondes et immédiates de l’augmentation de la sous-alimentation. Les ralentissements économiques mondiaux, aggravés par la pandémie et la guerre en Ukraine, qui ont fait grimper les prix alimentaires. Ce qui a rendu les denrées de base inaccessibles pour les populations les plus vulnérables. Les guerres et les conflits régionaux qui continuent de perturber les chaînes d’approvisionnement alimentaire, limitant l’accès à une alimentation nutritive. Les événements climatiques extrêmes, comme les sécheresses et les inondations, qui amplifient l’insécurité alimentaire, notamment dans les régions pauvres. Les inégalités socio-économiques qui ne cessent d’augmenter. Les populations rurales et marginalisées, en particulier en Afrique et en Asie, continuent ainsi d’être les plus touchées. Les inégalités entre les sexes se manifestent également par un taux d’insécurité alimentaire plus élevé chez les femmes.

La publication relève aussi l’insuffisance des financements pour soutenir des politiques efficaces contre la faim et la malnutrition. Les pays les plus touchés par ces problèmes sont souvent ceux qui ont le plus de mal à mobiliser des ressources financières. Le rapport estime que moins de 25 % de l’aide publique au développement cible directement la sécurité alimentaire et la nutrition.

Recommandations des auteurs du rapport pour améliorer la situation

D’après les projections, 582 millions de personnes seront en situation de sous-alimentation chronique en 2030, plus de la moitié d’entre elles en Afrique. Dans ce contexte, les auteurs appellent à une action rapide et coordonnée pour faire reculer l’insécurité alimentaire et la faim. Parmi leurs recommandations :

Systèmes alimentaires résilients

La transformation des systèmes agroalimentaires est essentielle et doit s’accélérer pour accroître la résilience face aux chocs climatiques et économiques. Cela inclut la promotion de pratiques agricoles durables, le renforcement des chaînes de valeur alimentaires locales et la diversification des cultures.

Accroître les financements

Le rapport souligne l’urgence de mobiliser des ressources financières publiques et privées. Rappelant que les financements actuels sont largement insuffisants et mal ciblés, Il propose ainsi une nouvelle définition du « financement au service de la sécurité alimentaire », englobant les ressources publiques et privées, nationales et internationales, visant à renforcer le soutien aux pays à revenu faible et intermédiaire pour garantir un accès universel à une alimentation saine. Il insiste sur la nécessité d’améliorer la transparence et la coordination entre donateurs, banques de développement et gouvernements pour maximiser l’impact des investissements.

Innovation dans le financement

Le rapport souligne l’importance d’approches de financement novatrices, telles que les partenariats public-privé et les fonds d’investissement à impact social. Cela permettrait de pallier les déficits financiers.

Politiques inclusives

Il est nécessaire d’élaborer des politiques ciblant les groupes en situation de vulnérabilité, en particulier les femmes et les enfants, et de renforcer l’accès aux services de santé, d’éducation et de protection sociale. Cela permettrait de lutter contre la malnutrition et l’obésité, qui coexistent de manière inquiétante dans certaines régions.

À l’approche de la Conférence internationale sur le financement du développement (Séville, 30 juin – 3juillet 2025), les auteurs invitent les gouvernements et les acteurs internationaux à se mobiliser et à prendre en compte et examinés les recommandations détaillées dans ce rapport.

* Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Fonds international de développement agricole (Fida), Fonds des nations unies pour l’enfance (Unicef), Programme alimentaire mondial (PAM) et Organisation mondiale de la santé (OMS).

** Définitions de la faim et l’insécurité alimentaire selon la FAO.
La faim : « La faim est une sensation physique inconfortable ou douloureuse causée par une consommation insuffisante d’énergie alimentaire. Elle devient chronique lorsque la personne ne consomme pas une quantité suffisante de calories (énergie alimentaire) sur une base régulière pour mener une vie normale, active et saine… La “faim” peut être qualifiée de sous-alimentation. »

L’insécurité alimentaire : « Une personne est en situation d’insécurité alimentaire lorsqu’elle n’a pas un accès régulier à suffisamment d’aliments sains et nutritifs pour une croissance et un développement normaux et une vie active et saine. Cela peut être dû à l’indisponibilité de nourriture et/ou au manque de ressources pour se procurer de la nourriture. »

Insécurité modérée : quantités réduites, repas sautés. Insécurité grave : pas d’aliments pour un jour ou plus.

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