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Insécurité alimentaire en 2021
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Monde. Augmentation inquiétante de l’insécurité alimentaire en 2021

En 2021, la faim aigüe a augmenté à un rythme alarmant prévient le Réseau mondial contre les crises alimentaires* dans un rapport publié le 5 mai. 193 millions de personnes dans 53 pays ont été frappées par l’insécurité alimentaire aiguë. Parmi elles, 26 millions d’enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition.

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Le nombre de personnes confrontées à une insécurité alimentaire aiguë et nécessitant une aide alimentaire vitale a augmenté de près de 40 millions par rapport aux chiffres déjà records de 2020. Passant ainsi à 193 millions en 2021 dans 53 pays. Parmi elles, 570 000 étaient en situation de Catastrophe (phase 5 de l’IPC/CH**) dans quatre pays : l’Éthiopie, le Sud-Soudan, le sud de Madagascar et le Yémen. « Le nombre de personnes confrontées à ces conditions catastrophiques est quatre fois plus élevé que celui observé en 2020 ; et sept fois plus élevé qu’en 2016 », précise le Rapport sur les crises alimentaires 2022 publié début mai. Concernant les enfants, le rapport souligne que près de 26 millions d’enfants de moins de 5 ans souffraient d’émaciation dû à la malnutrition en 2021. Parmi eux, plus de 5 millions couraient un risque accru de décès en raison d’une émaciation grave.

Les causes de l’insécurité alimentaire

Outre la pauvreté et les inégalités, causes constantes de l’insécurité alimentaire, trois facteurs ont eu de graves conséquences sur la faim extrême : les phénomènes météorologiques extrêmes (sécheresse, inondations, tempêtes) ; les crises économiques, notamment celles provoquées par la pandémie de covid-19, et leurs effets sur l’inflation ; et, le plus influent, les conflits. En 2021, près de 70% des personnes en situation d’insécurité alimentaire vivaient dans 10 pays : la République démocratique du Congo, l’Afghanistan, l’Éthiopie, le Yémen, le Nigeria, la République arabe syrienne, le Soudan, le Sud-Soudan, le Pakistan et Haïti. Dans sept d’entre eux, les conflits étaient la principale cause de la faim aigüe. Enfin, rappelons que « les personnes arrachées à leur foyer sont parmi les plus vulnérables à l’insécurité alimentaire aiguë et à la malnutrition ».

Une situation aggravée en 2022

Dans ce contexte, les perspectives pour cette année sont sombres. Et la guerre en Ukraine met encore davantage en péril la sécurité alimentaire mondiale. « La faim aiguë atteint des niveaux sans précédent et la situation mondiale ne cesse d’empirer. Les conflits, la crise climatique, le covid-19 et la flambée des prix des denrées alimentaires et du carburant ont créé une tempête parfaite. Et maintenant, la guerre en Ukraine ajoute une catastrophe à la catastrophe, a déclaré David Beasley, directeur exécutif du PAM. Des millions de personnes dans des dizaines de pays sont poussées au bord de la famine. »

Une action internationale qui s’attaquerait durablement aux causes profondes des crises

Afin de renverser la tendance, les membres du réseau mondial ont déclaré qu’une action à grande échelle centrée sur des approches intégrées de prévention, d’anticipation était nécessaire. Une action qui s’attaquerait durablement aux causes profondes des crises alimentaires ; plutôt que de réagir après coup.

« Alors que la communauté internationale a courageusement répondu aux appels à une action urgente d’atténuation des famines, la mobilisation des ressources pour s’attaquer efficacement aux causes profondes des crises alimentaires peine toujours à répondre aux besoins croissants, a souligné le Directeur général de la FAO, Qu Dongyu. Tandis que David Beasley insistait sur « le besoin d’un financement d’urgence pour renverser cette crise mondiale avant qu’il ne soit trop tard. »

Et Jutta Urpilainen, chargée des partenariats internationaux à la commission européenne, de préciser : « La communauté internationale doit agir pour éviter la plus grande crise alimentaire de l’histoire et les bouleversements sociaux, économiques et politiques qui pourraient en découler. L’UE est déterminée à s’attaquer à tous les facteurs d’insécurité alimentaire… S’il est nécessaire de fournir une aide immédiate pour sauver des vies et prévenir la famine, nous devons continuer à aider les pays partenaires en transition vers des systèmes agroalimentaires durables et des chaînes d’approvisionnement résilientes… »

Soutenir les systèmes et la production alimentaires durable là où ils sont les plus nécessaires

Ainsi le rapport recommande de soutenir les systèmes et la production alimentaires durables là où ils sont les plus nécessaires. Dans un contexte où l’accès aux aliments est rendu difficile en raison de la limitation des importations et de la hausse des prix, « il est urgent d’accorder une plus grande priorité à l’agriculture des petits exploitants en tant que réponse humanitaire de première ligne ; et d’aider les communautés rurales à diversifier leurs moyens de subsistance et à renforcer leur résilience aux chocs ».

À son échelle, le BICE, alerté depuis mi-2020 par ses partenaires locaux de la forte augmentation de l’extrême pauvreté et de l’insécurité alimentaire en raison notamment de la pandémie, développe un volet « alimentaire » dans ses projets dès que cela est nécessaire. Cela se traduit par de l’aide d’urgence et/ou par le développement d’activités agricoles ou génératrices de revenus.

* Fondé par l’Union européenne ; l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ; et le Programme alimentaire mondial (PAM) en 2016. Le Réseau mondial contre les crises alimentaires est une alliance d’acteurs humanitaires et du développement. Ils travaillent ensemble pour prévenir les crises alimentaires, s’y préparer et y répondre. Et soutenir l’Objectif de développement durable visant à éliminer la faim (ODD 2).

**Classification des phases de sécurité alimentaire. Phase 1 : minime ; 2 : en situation de stress ; 3 : crise ; 4 : urgence ; 5 : famine.

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