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Formations activités génératrices de revenus
© Ghovodi
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Projet de résilience socio-économique. Un bilan intermédiaire prometteur

Zoom sur un projet de résilience socio-économique (mi-2022 – mi-2024) développé au nord-est de la République démocratique du Congo avec notre partenaire local Ghovodi. Un an après son lancement, quels sont les principaux résultats ? 

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Depuis mai 2022, la situation demeure instable dans le Nord-Kivu, notamment autour de Masisi et de Rutshuru, où des groupes armés, dont le M23, continuent de semer la terreur dans les communautés. Ces violences provoquent des déplacements massifs de populations vers Goma et Nyiragongo. Des familles qui se retrouvent entassées dans des camps, souvent privées de tout soutien humanitaire.

C’est en prenant en compte ce contexte que, depuis juillet 2022, Ghovodi met en œuvre notre projet « Renforcement de la résilience socioéconomique des familles vulnérables à Goma et à Nyiragongo ».

183 enfants bénéficiaires d’activités psychosociales

121 filles et 62 garçons âgés entre 9 et 17 ans ont participé à des ateliers de résilience menés dans les deux maisons d’écoute de Ghovodi. Des ateliers au cours desquels ils ont pu, par le biais de jeux, travailler sur la confiance en eux et sur l’expression de leurs émotions. Leurs parents ont également été invités à participer à ces rencontres afin de développer les liens parents-enfants.

En parallèle, un suivi personnalisé en fonction des besoins de chaque enfant est désormais assuré par un psychologue. « Cet accompagnement a été bénéfique aux enfants qui se sont sentis en confiance pour parler de leurs traumatismes liés aux violences, à la pauvreté, aux conflits, explique notre partenaire. Ils ont également pu échanger entre eux et avec nous sur leurs peurs : la guerre, le déplacement des populations, l l’enlèvement d’enfants, les grossesses précoces… »

Des parents sensibilisés à la parentalité positive

Quatre groupes de 21 à 25 parents a participé à deux séances de parentalité positive animées par une psychologue et un travailleur social. L’une sur les droits de l’enfant, l’autre sur l’importance de l’écoute et de la participation des enfants. « Nous avions identifié ces thèmes lors des visites à domicile organisées auprès de toutes les familles bénéficiaires. Ces visites sont importantes pour bien connaître l’environnement familial de chaque enfant accompagné et, ainsi, proposer des actions adaptées aux besoins. »

Les retours concernant cette action sont eux aussi encourageants. Le dialogue au sein des familles s’est nettement amélioré. Il est désormais privilégié en cas d’erreur d’un enfant, pour résoudre un problème. Et les enfants sont davantage consultés lors d’une prise de décision. « Face au constat que seuls 37 pères des 95* familles accompagnées sont impliqués dans la vie familiale, nous souhaitons les associer davantage aux séances de parentalité positive au cours de la 2e année du projet. »

Témoignage

« Je m’appelle Arsène. J’ai 14 ans. Je suis orphelin de père et de mère. Je vis chez mon oncle. Avant, il arrivait à sa femme de me maltraiter. Parfois, elle me privait de nourriture pour de petites fautes commises. J’étais sur le point d’aller vivre dans la rue, mourir là-bas plutôt que de subir tout ce que je vivais ici. Mais depuis l’aide de Ghovodi, je suis surpris de voir que ma « mère d’ici » change. Elle m’a demandé pardon pour ce qu’elle me faisait. Je me sens maintenant en famille. Une famille où je suis considéré comme les autres. »

91 bénéficiaires de mini-formations en agriculture, élevage de petits bétails, coiffure/artisanat, vente

Au cours de la première année du projet, 42 filles et garçons de 16 à 20 ans et 49 jeunes parents âgés entre 18 et 24 ans (principalement des femmes) ont suivi des formations en agrobusiness, élevage de petits bétails, coiffure/artisanat ou vente de pâtisseries confectionnées dans la boulangerie Bethléem (maison du pain), créée avec le soutien du BICE début 2022. L’objectif étant qu’ils puissent développer une activité génératrice de revenus. Les formations allant de 4 jours à 4 mois ont été animées par des spécialistes de l’activité choisie.

« Pour la 2e année, qui prévoit de former environ 200 nouveaux jeunes, les modules ont été perfectionnés grâce aux observations des premiers bénéficiaires », précise notre partenaire.

Les bénéficiaires formés réunis dans huit projets d’activités génératrices de revenus

Tous les bénéficiaires* ont témoigné ne plus avoir de problèmes pour nourrir leurs familles. Et ce, malgré le contexte socio-économique difficile. Précisons toutefois que les problèmes de santé restent un défi à relever en raison des prix particulièrement élevés des soins et des médicaments.

Agriculture

Les jeunes se sont répartis en deux groupes. Ils se soutiennent, se conseillent en cas de difficultés. Ils ont reçu des semences de pommes de terre, haricots, maïs, pastèques, poivrons, tomates et aubergines. Ainsi que des outils pour cultiver les trois champs communautaires mis à disposition par Ghovodi ou des chefs locaux, ou trouvés par les bénéficiaires eux-mêmes.

Après des vols subis au cours des premiers mois, les bénéficiaires ont dû sécuriser les champs grâce à une surveillance 7j/7. Des conventions avec les ménages voisins ont été signées. Elles prévoient de leur fournir une partie de la récolte pour compenser les heures de garde. Depuis, les vols ont cessé.

Trois récoltes ont déjà été réalisées. Les bénéficiaires ont pu à chaque fois acheter de nouvelles semences, grâce aux recettes issues de la vente de la production, et même épargner au sein d’une association villageoise d’épargne et de crédit (AVEC). 12 des bénéficiaires ont indiqué allouer une partie de leurs revenus à la scolarisation de leurs enfants.

Élevage du petit bétail

31 personnes, organisées en deux groupes, ont été appuyées pour lancer leurs activités. Elles ont reçu au total 50 cobayes, 38 lapins et lapines, 28 canards et canes et 28 poules et coqs. 

Des produits vétérinaires ont aussi été fournis. Et pour ceux qui ont choisi l’élevage de lapins, des clapiers leur ont été donnés quand ils n’en avaient pas. Une partie de l’élevage est destinée à la vente, une autre à l’alimentation des enfants. 24 bénéficiaires disent que leurs enfants ont amélioré leur état nutritionnel grâce à l’accès à la protéine animale. Tous ont commencé à épargner.

Artisanat et coiffure

Sept jeunes filles proposent des services de coiffure (notamment des tresses), 15 fabriquent des paniers, des sacs à mains, des portefeuilles à partir de matériaux plastiques recyclés. Après avoir connu quelques difficultés pour écouler leur production, et grâce aux contacts de leur formatrice, elles travaillent désormais avec des grossistes. Afin de répondre aux commandes plus importantes, elles ont décidé de recourir au crédit proposé par leur AVEC (achat d’outils et autres matériels). Les coiffeuses, elles, ont une clientèle stable. Toutes ont ainsi pu épargner.

Revente de pâtisseries

La revente des produits de la pâtisserie et de la boulangerie, fonctionne bien. Les bénéficiaires, en accord avec la boulangerie, envisagent de développer cette activité en diversifiant l’offre de produits. Tous épargnent dans une AVEC. 10 d’entre eux ont réussi à tripler leur capital, 7 l’ont doublé.

Notons que les 95 bénéficiaires participent à des séances mensuelles de suivi avec Ghovodi. Des mentors – quatre femmes précédemment soutenues par Ghovodi et qui ont réussi leur activité génératrice de revenus – donnent également de leur temps pour les conseiller. Cet accompagnement est indispensable, les premiers mois notamment, pour aider les jeunes à adapter leur activité en fonction des résultats, du marché. Et s’assurer de leur autonomie dans la gestion des ressources.

*4 familles ont rejoint le projet au cours de la première année, faisant passer le nombre de familles bénéficiaires de 91 à 95. Elles n’ont pas pris part à toutes les actions. Cela se fera selon les besoins au cours de la deuxième année.

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