Inde
En Inde, marquée par de fortes disparités sociales et discriminations, les conditions de vie d’une grande partie des enfants sont alarmantes. Ceux-ci voient ainsi nombre de leurs droits violés : le droit à l’identité, à la santé, à l’éducation, à être protégé de la violence… Et la pandémie de covid-19 n’a fait qu’aggraver la situation.
Situation géographique et politique
D’une superficie de 3,287 millions de km2, l’Inde, située au sud de l’Asie, est le septième pays le plus grand du monde. Et, avec 1,36 milliard d’habitants, le 2e pays le plus peuplé après la Chine. Son littoral s’étend sur plus de 7 000 km. Il a des frontières communes avec le Pakistan, la Chine, le Népal, le Bhoutan, le Bangladesh et la Birmanie.
L’Inde est le théâtre de nombreuses catastrophes naturelles, aggravées par le changement climatique. Les cyclones, canicules ou inondations sont de plus en plus fréquents et dévastateurs. Près de 10 000 glaciers dans l’Himalaya indien reculeraient d’environ 30 à 60 mètres par décennies ; ce qui a notamment provoqué une crue éclair en 2013 et causé la mort de 6 000 personnes. Plus récemment, en février 2021, l’effondrement d’un glacier a provoqué des dizaines de morts. En juillet 2021 et juin 2022, de fortes pluies de mousson ont engendré inondations et glissements de terrains à l’origine de centaines de décès.
République fédérale, l’Inde est présidée depuis 2017 par Ram Nath Kovind. Depuis 2014 (reconduit en 2019), le premier ministre est Narendra Modi, membre du Bharatiya Janata Party (BJP), représentant la droite conservatrice hindoue.
Situation économique et sociale
L’Inde est considérée comme un nouveau pays industrialisé avec une croissance économique très forte. Selon le FMI, l’Inde était en 2020 la 6e puissance économique mondiale. Cependant, les inégalités sociales sont immenses. En 2016, les 10% d’Indiens les plus riches disposaient de 55% des revenus nationaux. L’Indice de développement humain de 0,624 place le pays au 130e rang mondial.
Bien que l’article 15 de la Constitution indienne interdise les discriminations fondées sur les castes, celles-ci continuent de jouer un rôle majeur dans la société. Le système de castes divise ainsi la société indienne en plusieurs groupes hiérarchisés et interdépendants. Et l’appartenance à ces castes, liées aussi à des métiers, est héréditaire. Ce qui rend ce système d’autant plus discriminatoire et inégalitaire.
En outre, la pandémie de covid-19 a frappé de plein fouet le pays. Publiée dans PLOS One le 16 février 2022, l’étude menée par Christophe Guilmoto, chercheur à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et au Centre de sciences humaines de Delhi (CSH), avance qu’entre mars 2020 et novembre 2021, l’épidémie de Covid-19 a fait entre 3,2 et 3,7 millions de morts en Inde. Presque huit fois plus que le bilan officiel. De plus, les conséquences économiques de la pandémie sont catastrophiques pour les familles indiennes.
Conditions de vie des enfants
En Inde, les enfants représentent près de 40% de la population. Et le nombre d’habitants croit vite. Pour lever la pression démographique, plusieurs États ont déposé mi-2021 devant le parlement des projets de loi visant à limiter à deux le nombre d’enfants par famille par le biais d’incitations financières et de fortes sanctions.
Accès à l’éducation
Bien que l’école soit obligatoire de 6 à 14 ans, plus de 6 millions d’enfants ne sont pas scolarisés en 2019 en Inde selon l’Unicef. Et près de 30 % des enfants scolarisés abandonnent tôt leurs études. Ce taux est plus élevé chez les filles et les enfants issus de familles défavorisées. Les discriminations envers les filles, mais aussi envers les basses castes et les intouchables restent importantes à l’école. La crise sanitaire et la fermeture des écoles ont de surcroît privé de nombreux enfants de leur accès à l’éducation ; les familles les plus pauvres étant les plus pénalisées. En effet, toujours selon Unicef, seulement 24 % des ménages disposent d’internet.
Le travail des enfants
Alors que le travail des enfants de moins de 14 ans est interdit*, plus de 13 millions d’enfants travaillaient en 2015 : tri des déchets, mendicité, vente ambulante, « petites mains » dans des ateliers ou des restaurants de rue, travaux domestiques ou agricoles, extraction du mica… Et ce nombre a augmenté avec la crise sanitaire. De plus, l’enlèvement et l’esclavage d’enfants est encore répandu en Inde. Chaque heure, 6 enfants disparaissent, soit plus de 50 000 par an.
Violences à l’égard des enfants
Selon, une enquête réalisée en 2007** auprès de 12 247 adolescents âgés de 12 à 18 ans, 69 % d’entre eux déclarent avoir subi des mauvais traitements et un enfant sur deux déclarent avoir subi plusieurs formes d’abus sexuels. Dans 88,6 % des cas, les auteurs de ces mauvais traitements sont dans l’entourage immédiat des enfants. Sur le plan de la violence, là encore, la pandémie n’a fait qu’aggraver la situation des enfants.
Enfin, notons qu’en 2016, encore 20 % des enfants indiens n’étaient pas déclarés à la naissance. De plus, selon l’Unicef, 38% souffraient de malnutrition en 2019.
Le BICE en Inde
Travaillant en partenariat avec des ONG locales depuis plus de 10 ans, le BICE concentre à présent ses efforts sur l’amélioration des conditions de vie des jeunes enfants d’ouvrières dans la région de Bangalore. Il soutient le développement de crèches communautaires et aident les familles à retrouver leur indépendance économique grâce au développement d’activités génératrices de revenus.
*La loi indienne interdit le travail des enfants de moins de 14 ans mais leur permet de participer à certaines tâches dans les entreprises familiales.
**Rapport du MWCD (ministère de la Femme et du Développement de l’enfant) intitulé Étude sur les mauvais traitements infligés aux enfants en Inde en 2007.