Kirghizstan
Pays d’Asie centrale, le Kirghizstan est le pays le plus pauvre de l’Union économique eurasiatique (UEE)*. La violence à l’encontre des enfants y est très élevée. 74 % des enfants Kirghizes subissent encore aujourd’hui des violences disciplinaires (psychologiques ou physiques) à la maison.
Situation géographique et politique
Le Kirghizstan est un pays d’Asie centrale de 199 900 km² et 6,416 millions d’habitants. Ce pays enclavé (aucun accès à la mer) est entouré par la Chine, le Kazakhstan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan. Presque entièrement montagneux, il est situé sur une zone à risque élevé de séisme et est sujet à de fréquentes inondations.
Très instable politiquement depuis la dissolution de l’URSS, le pays a vu se succéder 21 premiers ministres en 25 ans. Une violente révolution en 2010 a conduit 400 000 personnes, constituées pour moitié de femmes et d’enfants, à être déplacées. Des milliers d’enfants ont été traumatisés par les violences perpétrées. Notons toutefois que les Kirghizes jouissent d’une liberté d’expression et de conscience religieuse unique dans la région.
Les relations de ce pays avec ses voisins sont compliquées notamment concernant la répartition des ressources en eau et en énergie. En mai 2021, les questions d’accès à l’eau ont entraîné un regain de violence entre le Tadjikistan et le Kirghizstan. Des échanges de tirs à la frontière entre les forces armées des deux pays ont fait plus de 30 morts. Le pays est de surcroît tributaire de ses relations historiques avec la Russie et de ses relations avec la Chine qui détient la moitié de sa dette extérieure.
Situation économique et sociale
Le Kirghizstan est le pays le plus pauvre de l’Union économique eurasiatique (UEE). Il est, en outre, dépendant des exportations de métaux (de l’or notamment dont le principal client en 2020 était le Royaume-Uni) et des transferts de travailleurs émigrés notamment vers la Russie. Or, ces derniers ont très fortement baissé en raison de la pandémie de covid-19. Le Kirghizstan a perdu une partie importante de ses revenus et a subi une dégradation de ses finances publiques.
Selon les estimations de la Banque mondiale, 20,1 % de la population vivait en dessous du seuil de pauvreté en 2019. Un chiffre qui a augmenté en 2020 avec la pandémie. Les migrants internes** sont de surcroît particulièrement touchés par la pauvreté. Autour de Bichtek notamment, plus de 250 000 migrants vivent dans des conditions précaires. Seul 1 habitant sur 7 y dispose de l’eau courante.
Conditions de vie des enfants
Ces situations de pauvreté ont des conséquences importantes sur les conditions de vie des enfants.
Même si le système éducatif est obligatoire de 6 à 15 ans, de nombreux enfants en âge de fréquenter l’école primaire ont du mal à suivre leur scolarité, car ils sont contraints de travailler. Selon le rapport Multiple indicator cluster survey (MICS) de l’Unicef publié en 2019, 26,7 % des enfants travaillent. Certains engagés dans les pires formes de travail. De plus, les mariages précoces sont encore répandus au Kirghizstan. Une adolescente sur 11 âgée de 15 à 19 ans est actuellement mariée.
Autre fléau liée à la pauvreté : la malnutrition qui entraine notamment des retards de développement. La Banque mondiale indique que 2,8 % des enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition.
Enfin, selon le MICS, 74 % des enfants Kirghizes subissent encore aujourd’hui des violences disciplinaires (psychologiques ou physiques) à la maison. Notons également que le partenaire du BICE, Bir Duino, a relevé une augmentation ces derniers mois des discriminations et violences à l’encontre des enfants de migrants, notamment à l’école.
Le BICE au Kirghizstan
Cette situation incite le BICE à soutenir depuis 2017 les actions de l’association locale Bir Duino, créée en 2000 et spécialisée dans la défense des droits de l’homme.
* L’Union Économique Eurasiatique (UEE) est une zone de libre-échange entre la Russie, la Biélorussie, le Kazakhstan, l’Arménie et le Kirghizistan, instaurée le 1er janvier 2015.
** Le Kirghizstan connaît en effet une forte migration interne ; plus de 20 % de la population vit dans la capitale à Bichkek. Dans toutes les régions sauf à Bichkek la migration interrégionale est d’environ 20%, à Bichkek, elle est supérieure à 70 %. Ces déplacements s’expliquent en partie par un taux d’urbanisation faible et par la difficulté d’accès aux services publics dans les zones rurales et montagneuses.