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Alors que les enfants représentent 30 % de la population mondiale, ils constituent 41 % de l’ensemble des personnes contraintes de quitter leur foyer (UNHCR, 2021). Fin 2021, le monde comptait 36,5 millions d’enfants déracinés par la guerre, les violences, les persécutions et les violations des droits humains, selon l’Unicef. 13,7 millions, réfugiés et près de 22,8 millions, déplacés à l’intérieur de leur pays. Des chiffres alarmants – les plus élevés depuis la Seconde Guerre mondiale – qui ont dû augmenter en 2022, du fait notamment de la guerre en Ukraine. Et qui, de surcroît, ne comptabilisent pas les enfants déplacés suite à des catastrophes environnementales, estimés à 7,3 millions en 2021.

Définitions enfants migrants, déplacés internes, réfugiés, non-accompagnés, en bas de page

Qu’est-ce qui explique le nombre record d’enfants contraints à quitter leur foyer ?

Le nombre de personnes déracinées dans le monde, en raison des guerres, des violences et des persécutions, a ainsi plus que doublé en 10 ans. Pour atteindre 89,3 millions fin 2021. Dont 41 % sont des enfants. Depuis lors, avec notamment la guerre en Ukraine, ce nombre a dépassé les 100 millions.

Cette situation s’explique par l’apparition de nouveaux conflits et l’intensification de conflits existants (Afghanistan, République démocratique du Congo, Yémen…)*. « Parallèlement, les pénuries alimentaires, l’inflation et la crise climatique accentuent les difficultés des populations », précise l’UNHCR.

Ainsi, plus d’un tiers des enfants déplacés vivent en Afrique subsaharienne (3,9 millions), un quart en Europe et en Asie centrale (2,6 millions) et 13 % (1,4 million) au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Précisons également que deux tiers de tous les réfugiés proviennent de cinq pays en grande difficulté : la Syrie, le Venezuela, l’Afghanistan, le Soudan du Sud et Myanmar.

Les enfants déracinés, particulièrement vulnérables

Les enfants déplacés, fragilisés par les traumatismes vécus liés au contexte à fuir, au déracinement physique et psychologique sont particulièrement vulnérables face aux dangers rencontrés lors de l’exil.

Les risques pour leur santé (conditions de vie précaires, manque d’eau et de nourriture, difficulté d’accès aux soins…) et leur sécurité (traite, exploitation, violences…) sont élevés. Et leur accès à l’éducation est souvent compliqué. Les enfants non accompagnés ou séparés de leur famille sont les plus touchés par cette douloureuse réalité.

Protéger les enfants déracinés : les actions du BICE et de ses partenaires

Or, quel que soit l’endroit d’où il vient, où il vit et les raisons qui l’ont poussé à fuir, avec ou sans sa famille, tout enfant doit bénéficier des droits reconnus par la Convention relative aux droits de l’enfant (CDE).  Le BICE qui a contribué à élaborer la CDE soutient pleinement sa mise en application, que ce soit par le biais de ses actions sur le terrain avec ses partenaires locaux, notamment en matière de soutien psychologique, ou par le plaidoyer aux niveaux national et international.

Aider à la résilience des enfants en Ukraine

En Ukraine, les enfants, déplacés ou non, manquent de tout. Aux difficultés matérielles s’ajoutent le traumatisme du conflit, l’incompréhension et la peur pour les proches.

Avec Women’s Consortium of Ukraine (WCU), nous assurons des lignes téléphoniques de soutien psychologique. Nous formons des enseignants et des psychologues à l’aide à la résilience des enfants. Nous mettons en place un espace familial d’accueil et d’écoute à Kiev complété par un espace mobile. (Lire l’interview de notre partenaire sur ces actions)

Accompagner les enfants ukrainiens réfugiés en Italie

À Milan, grâce au soutien du BICE, l’Association Realmonte Onlus et ses partenaires, dont la mairie et l’université du Sacré-Cœur, ont créé en mai 2022 un espace sécurisant et animé pour les enfants ukrainiens réfugiés en Italie. Et proposent aux mamans un soutien administratif et des cours d’italien.

Ce projet d’accueil post-urgence comprend donc, en plus d’une aide matérielle, un soutien psychologique pour les enfants fragilisés par la guerre et la migration forcée, et des activités ludiques et créatives en groupes pour les aider à se reconstruire dans leur nouvelle réalité, à développer de nouvelles relations.

Favoriser l’accueil de familles ukrainiennes réfugiées en Moldavie

Le BICE et la fondation Regina Pacis accompagnent les réfugiés ukrainiens arrivés en nombre en Moldavie depuis fin février 2022. Au soutien matériel s’ajoute un accompagnement psychologique indispensable pour aider les enfants et les familles, meurtris par la guerre et l’exil, à se reconstruire. Des activités ludiques avec des jeunes moldaves sont également organisées afin de favoriser l’intégration des enfants ukrainiens.

Soutenir psychologiquement les enfants fragilisés en Arménie

Depuis la guerre des 44 jours en 2020, l’Arménie vit sous la tension incessante de la reprise des affrontements avec l’Azerbaïdjan. Une peur qui s’est concrétisée en décembre dernier avec le blocage du Corridor de Latchine qui stoppe tout passage vers le Haut-Karabakh et ravive les traumatismes des enfants (lire le témoignage de notre partenaire à ce sujet).

Avec Arevamanuk, nous apportons un soutien psychologique aux enfants déplacés ou non, sous forme d’ateliers résilience assurés par des psychologues et des travailleurs sociaux dûment formés. Nous soutenons également la réinsertion professionnelle de mères de famille, démunies et isolées, qui ont dû s’exiler.

Accueil d’enfants réfugiés syriens et irakiens au Liban

Dans le cadre du projet Fratelli développé au Liban, les Frères La Salle et Maristes accueillent dans leurs écoles les enfants réfugiés de Syrie et d’Irak, fragilisés par la guerre et le déracinement. Un projet soutenu depuis 2017 par le BICE, avec l’organisation de formations de tuteurs de résilience à destination des enseignants et éducateurs. Et, ces dernières années, avec l’apport d’une aide humanitaire pour faire face aux difficultés économiques grandissantes au Liban.

Les enfants réfugiés, victimes de la violence et du déracinement, ont besoin d’une aide et d’un soutien adapté. Sans cela, les blessures et les traumatismes psychologiques qu’ils ont vécus risquent de les poursuivre toute leur vie.  L’objectif des formations tuteurs de résilience est donc de renforcer les capacités des travailleurs sociaux qui aident au quotidien les enfants réfugiés au Liban. La formation leur fournit les instruments et les compétences nécessaires pour apporter un appui psycho-social, basé sur la résilience, à ces enfants.

Protéger les enfants déplacés au Burkina Faso

La violence et l’insécurité présentes au Mali et au Niger depuis une décennie en raison des attaques régulières des groupes armés, dont beaucoup sont affiliés à des groupes terroristes, ont débordé ces dernières années sur le Burkina Faso. Provoquant une crise humanitaire et des déplacements internes massifs dans le pays.

Dans la ville de Bourzanga, au nord du pays, on estime que 70 % des quelque 45 000 personnes déplacées ont moins de 18 ans. Dans ce contexte, la CICM et la CEPMR ont ouvert en 2021 un espace adapté pour accueillir des enfants. Ce lieu fournit une protection, une éducation informelle et des activités récréatives à une centaine d’enfants. Il accompagne aussi les parents vers une éducation positive et les oriente sur le plan social.

Depuis début 2022, avec l’appui du BICE, l’espace renforce ses actions. Il met notamment en place un soutien psychosocial pour les enfants déplacés qui en ressentent le besoin. Le BICE a également organisé des formations de tuteurs de résilience en direction des éducateurs et des travailleurs sociaux au contact chaque jour des enfants déplacés.

Des actions de résilience d’urgence auprès des enfants de la région de Beni en République démocratique du Congo

Le projet Nouvelle Vie de notre partenaire Cœur sans frontières (CSF) dans la région de Beni à l’est de la République démocratique du Congo s’attache à accompagner les enfants confrontés à la violence des nombreux groupes armés présents dans cette zone et à la recrudescence des conflits depuis quelques mois. Témoins des horreurs de la guerre, victimes d’événements tragiques, déplacés pour fuir les violences, ces enfants ont besoin d’un soutien psycho-social d’urgence. Cœur sans frontières, soutenu par le BICE et la Fondazione Marista per la Solidarietà Internazionale (FMSI), mène ainsi auprès d’eux des actions de résilience d’urgence.

Notre partenaire sur place témoigne : « Ici, les enfants sont très affectés par les violences perpétrées par des groupes armés. Des milliers de familles ont dû fuir leurs villages et se sont réfugiées dans la ville de Beni notamment, pour tenter de se mettre à l’abri des assassinats. Les attaques répétées ont forcé les autorités scolaires à ordonner la fermeture de nombreuses écoles.  À la rentrée des classes, le 5 septembre 2022, près d’un tiers des écoles du territoire de Beni n’ont pas pu rouvrir (sur environ 250). Et seule une quinzaine d’écoles ont été délocalisées pour fonctionner au sein d’autres établissements scolaires situés à Beni et dans d’autres centres urbains. Cette situation dramatique prive les enfants du droit à l‘éducation et accroît leur vulnérabilité face aux dangers (exploitation économique, violences, enrôlement dans les groupes armés…). Nous sommes très inquiets. »

*Selon la Banque mondiale, 23 pays, représentant une population totale de 850 millions d’habitants, ont été le théâtre de conflits d’intensité moyenne ou élevée.

Quelle est la différence entre enfants migrants, déplacés internes, réfugiés, non-accompagnés ?

Enfants migrants

Ce sont, des enfants qui ont quitté avec leur famille leur pays pour vivre de façon temporaire ou permanente dans un autre pays. Souvent pour des raisons économiques. Selon l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) doivent être appelés « migrants les personnes qui se déplacent pour des motifs qui ne sont pas inclus dans la définition légale de ce qu’est un réfugié ».

Enfants réfugiés

En raison des conflits et des violences, les enfants et leurs familles fuient leur pays et se réfugient dans les pays voisins. Ils possèdent alors des droits spécifiques, qui doivent être garantis par les États qui ont ratifié la convention de Genève de 1951. Selon l’UNHCR, doivent être appelés « réfugiés les personnes qui fuient la guerre ou la persécution en franchissant une frontière internationale ».

Enfants déplacés internes

Contrairement aux réfugiés, ces enfants et leur famille ne franchissent pas les frontières internationales reconnues d’un État. Ils sont déplacés à l’intérieur de leur pays, « notamment en raison d’un conflit armé, de situations de violence généralisée, de violations des droits de l’homme ou de catastrophes naturelles » (UNHCR).

Enfants non accompagnés

Il s’agit des enfants vivant dans un autre pays que le leur et séparés de leurs deux parents et d’autres membres de leur famille en raison notamment de conflits ou autres catastrophes. Ils sont isolés mais pas forcément orphelins. Selon le Défenseur des droits français, « un mineur non accompagné (MNA) ou mineur isolé étranger (MIE) est un enfant de moins de 18 ans, de nationalité étrangère, arrivé dans un pays sans être accompagné par l’un ou l’autre des titulaires de l’autorité parentale ou par un représentant légal ».

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