Dans le pays, environ 60 % des enfants vivent dans des familles touchées par l’extrême pauvreté. Et 44 % âgés de 5 à 17 ans n’ont pas accès à au moins un des quatre besoins de base (eau, éducation, nutrition et logement). Les habitants de la région rurale du sud-est maritime, où se déploie le projet de notre partenaire A2PEJF, ont de surcroît vu leur situation s’aggraver ces dernières années du fait des aléas climatiques, qui entraînent une baisse des rendements agricoles, et de la crise économique qui perdure depuis la pandémie et la guerre en Ukraine. Dans un tel contexte, les risques d’abus de toutes sortes – négligence, violences y compris sexuelles, exploitations – augmentent. Et ce sont les plus vulnérables, les enfants, qui en sont les premières victimes.
Dans un nouveau projet de 18 mois (juin 2024-novembre 2025), l’A2PEJF et le BICE prévoient ainsi la mise en place d’actions de prévention et de prise en charge, afin d’agir sur différents leviers. Et d’accroître l’efficacité du projet.
Quelles actions pour accroître la protection des enfants dans cette région ?
Renforcement des compétences communautaires
Présent depuis plusieurs années sur le territoire, notre partenaire s’attache à créer un environnement protecteur pour les enfants en renforçant les compétences des autorités et acteurs locaux. Dans le cadre de ce nouveau projet, des chefs traditionnels, conseillers municipaux, membres de Comités villageois de développement (CVD), directeurs préfectoraux des services sociaux ou encore enseignants sont ainsi formés pour mieux comprendre et combattre toutes les formes de violence.
Ces sessions permettent de lever les tabous entourant la santé et l’éducation sexuelle. Et de mettre en place un réseau conscient de l’importance de dénoncer les violences, de prendre en charge les victimes, et connaissant les démarches de signalement. En parallèle, pour assurer une meilleure coordination et efficacité, l’A2PEJF collabore étroitement avec les autorités locales, y compris les gendarmeries, les procureurs et les services de santé. Des rencontres régulières sont organisées pour la bonne gestion des cas signalés et des actions à entreprendre. Pour pérenniser ces actions, des fiches techniques pédagogiques sur l’éducation affective et la prévention des violences seront élaborées avec des spécialistes et partagées aux acteurs.
« Les abus sont encore trop souvent tus par les familles, par honte et par ignorance. Beaucoup ne prennent pas la mesure de la gravité de ces actes, explique Mawouto Afansi, directeur de A2PEJF. Il est donc essentiel d’informer le plus grand nombre des conséquences de ces violences pour l’enfant et du poids du silence. Avec l’appui des représentants communautaires, nous avançons plus vite et sommes davantage entendus par les populations. »
Actions de sensibilisation auprès des enfants et du grand public
Des activités de sensibilisation sont également prévues dans les écoles, mais aussi dans les églises touchant des milliers d’enfants et d’adultes. À titre d’exemple, 600 élèves de cinq écoles primaires et 1 200 collégiens vont bénéficier d’actions de prévention sur le sujet. 50 membres de clubs scolaires seront également formés sur la santé sexuelle et les droits des enfants afin qu’ils puissent ensuite sensibiliser eux-mêmes leurs pairs. Des émissions de radio et campagnes médiatiques complèteront ce travail, grâce à la diffusion de messages de prévention à une audience plus large.
Accompagnement des victimes
Le projet prévoit de surcroît l’accompagnement holistique de 20 enfants identifiés pendant les actions comme étant victimes de violences sexuelles : soins médicaux, consultations psychologiques et aide juridique. Ainsi que, pour ceux privés d’actes de naissance*, la réalisation des démarches nécessaires pour leur obtenir un jugement supplétif.
Grâce à ces initiatives, l’A2PEJF espère non seulement réduire les violences sexuelles faites aux enfants, mais aussi instaurer une culture de protection et de respect des droits de l’enfant dans la région. En sensibilisant les parents et en brisant le tabou autour des violences, notamment sexuelles, l’association aspire à un changement durable des mentalités et des comportements.
* Un enfant qui n’a pas été enregistré à l’état civil à la naissance n’a pas de reconnaissance officielle, donc pas de nationalité. Impossible pour lui de poursuivre des études supérieures et de bénéficier de services de protection sociale par exemple. Cela le prive du droit fondamental d’avoir une identité, d’exister légalement au sein d’une société. C’est un mécanisme absolu d’exclusion sociale.