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Tourisme sexuel : un fleau international
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Tourisme sexuel : un fléau international

Le sujet est tristement d’actualité pendant l’été et concerne l’une des formes les plus révoltantes d’exploitation des enfants. Autrefois concentré dans certaines régions du globe, le tourisme sexuel n’épargne aujourd’hui aucun continent.

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La démocratisation des voyages à l’étranger est un acquis de la fin du XXe siècle. Depuis les années 60, on est ainsi passé de 70 millions de touristes à près de 1,3 milliard ! Cette véritable aubaine pour le développement économique a malheureusement son revers : le tourisme sexuel.

Un fléau impossible à chiffrer

En effet, certains vacanciers n’hésitent pas, en voyage à l’autre bout du monde, à se transformer en prédateurs sexuels et à choisir les victimes les plus vulnérables : les enfants. Et cela d’autant plus facilement qu’ils bénéficient, dans certains pays, de la complaisance des opérateurs de tourisme et des États.

Dans les années 90, cette exploitation inhumaine a été portée à l’attention de l’opinion publique. L’origine des prédateurs ainsi que leurs destinations privilégiées étaient alors bien identifiées : des Occidentaux (Europe, Etats-Unis, Canada) vers les pays du Sud Est asiatique. Aujourd’hui, la géographie est beaucoup plus floue. Aucun continent ne peut se prétendre à l’abri, et les touristes sexuels viennent de partout et sévissent y compris dans leur propre pays.

C’est l’un des tristes enseignements de la dernière étude d’ECPAT, une ONG spécialisée dans la lutte contre l’exploitation sexuelle commerciale des enfants. Comme le rappelle Ludivine Piron, sa chargée de projet, « les pratiques (du tourisme sexuel) étant par nature secrètes et cachées, elles sont bien difficiles à évaluer. En 2009, l’UNICEF avançait le chiffre de 2 millions d’enfants exploités sexuellement dans le monde. Nous, chez ECPAT, nous préférons donner d’autres indicateurs. Par exemple, le fait qu’un abuseur français a déjà fait jusqu’à 66 victimes et pris des milliers de photos de ses abus ». Ce manque de données chiffrées, ainsi que le silence de certain États, explique que le sujet soit aussi peu présent dans l’agenda international.

Des actions pour lutter contre le tourisme sexuel

Comment, dans ce cas, donner aux enfants et à leurs familles les moyens de se protéger et de les protéger ? Si depuis les années 90, certains pays et grands acteurs du tourisme s’engagent publiquement dans la lutte contre le tourisme sexuel, il reste essentiel d’apprendre aux communautés et aux enfants à s’en prémunir. Car le prix de l’exploitation sexuelle est très lourd. Pour les enfants victimes qui gardent de lourdes séquelles physiques, psychologiques et émotionnelles. Mais également pour l’ensemble de la communauté qui se trouve déstabilisée, tant au niveau des relations familiales que dans sa culture ancestrale.

Un partenaire du BICE comme Claves assure un travail de prévention auprès des populations en Uruguay. Depuis 2004, il mène, avec le soutien du Ministère du tourisme de son pays, la campagne « Uruguay, país de buentrato » (Uruguay, pays de la bientraitance). « Nous développons des stratégies d’intervention », précise Luis Cesari, le représentant de l’organisation, « nous créons du matériel pédagogique et formons des professionnels. » Des actions comme les ateliers Grain de sable, développés dans le cadre du programme Abus du BICE, font partie de ce programme de sensibilisation.

Pour autant, pas question de condamner le tourisme. Comme conclut Luis Cesari : « Les touristes sont les bienvenus, les exploiteurs vont en prison. ».

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