République Démocratique du Congo
Au cœur de l’Afrique, en République Démocratique du Congo (RDC), près de la moitié des enfants souffrent de malnutrition. Entre instabilité politique persistante, conflits armés à l’est du pays et défis économiques, leur avenir est compromis. De l’éducation à la résilience, en passant par la réinsertion, le BICE et ses partenaires travaillent à améliorer les conditions de vie des enfants congolais.
Situation géographique et politique
Située en Afrique centrale, la République démocratique du Congo (RDC), avec ses 2,345 millions de kilomètres carrés, est l’un des plus vastes pays d’Afrique. Ce territoire, le deuxième plus grand du continent après l’Algérie, est entouré de neuf pays : la République du Congo, la République Centrafricaine, le Soudan du Sud, l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi, la Tanzanie, la Zambie et l’Angola.
Depuis son indépendance de la Belgique le 30 juin 1960, le pays a connu des périodes de guerre civile et d’instabilité politique continue. Aujourd’hui, la RDC est une république présidentielle régie par une constitution adoptée en 2006. Le président, élu pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois, dirige le pays aux côtés d’un Parlement bicaméral composé de l’Assemblée nationale et du Sénat.
Cependant, la stabilité politique est précaire et les conflits armés persistent, voire s’intensifient, ces dernières années, à l’est du pays. Cette situation a des conséquences désastreuses pour les enfants, qui sont souvent victimes de violences, de déplacements forcés et de recrutement par des groupes armés. De plus, la mauvaise gouvernance économique et les faibles investissements dans les infrastructures publiques aggravent les conditions de vie des jeunes et le développement du pays.
Situation économique et sociale
En 2015, la République Démocratique du Congo (RDC) a été confrontée à une crise économique majeure provoquée par l’effondrement des prix du pétrole, suivie d’une récession supplémentaire en 2020 due à la pandémie de covid-19, entraînant une augmentation des prix des biens essentiels et des carburants. En 2022, la dette publique atteignait 13,0 milliards de dollars.* La Banque mondiale estime ainsi que près de trois quarts de la population congolaise vit dans des conditions précaires.
En République Démocratique du Congo, bien que des progrès aient été réalisés, un nombre alarmant d’enfants meurent avant l’âge de cinq ans, principalement en raison de maladies évitables ou traitables telles que les complications néonatales, la pneumonie, le paludisme et les maladies diarrhéiques. Parmi elles, le choléra est un problème majeur. L’intensification des conflits à l’est du pays et l’augmentation des déplacements forcés ont provoqué en 2023 la pire crise de choléra depuis 2017. Cette situation est exacerbée par des systèmes de santé fragmentés, des ruptures fréquentes de stocks de médicaments essentiels ainsi qu’un personnel médical insuffisamment formé et sous-payé. **
Conditions de vie des enfants
En RDC, le nombre d’enfants en situation de rue est élevé. La capitale, Kinshasa, en compterait à elle seule plus de 20 000. Ce fléau est également très présent à l’Est du pays, dans la province du Sud-Kivu notamment. L’exode rural, l’accroissement des villes et l’extrême pauvreté de la population sont quelques-unes des causes de ce phénomène. À l’Est du pays, les conflits qui provoquent d’importants déplacements de population, dont des enfants non accompagnés, sont aussi une explication.
En raison de ces conflits, le nombre de violations graves vérifiées à l’encontre d’enfants au cours du premier semestre 2023 a augmenté de 41% par rapport à l’année précédente (Enfants dans les conflits armés – Rapport du Secrétaire général, juin 2023). Parmi les violations enregistrées : recrutement et utilisation d’enfants dans les groupes armés (+ 45%) ; meurtres et mutilations d’enfants (+32%). Les violences sexuelles et les enlèvements d’enfants sont également en hausse.
L’accès à l’éducation a également reculé dans ces zones. Les enfants déplacés et souvent entassés dans des camps sont peu à être scolarisés. Dans l’ensemble du pays, Unicef notait toutefois des avancées en matière d’accès à l’éducation – 52% d’enfants scolarisés dans l’enseignement primaire en 2001, 78% en 2018 -, soulignant quand même qu’encore 7,6 millions d’enfants âgés de 5 à 17 sont privés d’école. De plus, le taux de préscolarisation pour les enfants âgés de 3 à 5 ans n’est que de 5%.
Enfin, près de la moitié des enfants de moins de cinq ans dans le pays sont touchés par la malnutrition chronique ou le retard de croissance, entraînant des conséquences néfastes sur leur développement et leur système immunitaire. Depuis 2017, l’insécurité alimentaire s’est intensifiée, aggravant le déclin du statut nutritionnel des enfants. Actuellement, un enfant sur dix est confronté à une malnutrition aiguë sévère, mettant ainsi sa vie en péril.***
Actions du BICE en RD Congo
Éducation
Le Bureau International Catholique de l’Enfance (BICE) œuvre activement en République Démocratique du Congo (RDC) pour offrir aux enfants vulnérables une éducation de qualité et les aider à devenir des acteurs de leurs droits. Parmi les initiatives phares figure le projet Écoles sans murs, qui débute sa 2e phase en juillet 2024. Ce projet incarne la vision du BICE de promouvoir une éducation pour tous les enfants et les adolescents en situation de vulnérabilité. À l’est de la RDC, deux partenaires déploient Écoles sans murs : Ghovodi et Peder notamment en formant des élèves sur les droits de l’enfant et en accompagnant et formant des adolescentes victimes de violences et des enfants qui ont été en situation de rue pour leur autonomie financière.
Pour faire face aux conséquences des conflits armés obligeant des centaines de milliers de familles à fuir, le BICE soutient également son partenaire Men and Women Working Together agissent en faveur d’enfants entassés dans les camps autour de Goma. En leur donnant accès à une collation et en favorisant leur inclusion auprès des élèves du voisinage et des enseignants, nous favorisons leur maintien à l’école.
Résilience
Depuis mi-2022, le BICE, en partenariat avec l’ONG locale Ghovodi, développe un projet de résilience socio-économique dans le nord-est de la RDC. Des ateliers de résilience sont organisés en direction d’enfants et d’adolescents dans les maisons d’écoute de Ghovodi. Les parents sont également impliqués lors de séances de parentalité positive, abordant notamment les droits de l’enfant et l’importance de l’écoute et de la participation des enfants. Ces adolescents et jeunes sont aussi soutenus dans leur réinsertion socio-professionnelle à travers le développement d’une activité génératrice de revenu et l’animation d’AVEC (association vivante d’épargne et de crédit).
Réinsertion des enfants ayant été en conflit avec la loi
Dans le cadre d’Enfance sans barreaux 3 (2023-2026), un soutien post-libération est proposé aux jeunes grâce à des pratiques socio-éducatives réparatrices et des mesures de travail d’intérêt général, en associant à ce processus les services sociaux étatiques et les parents. Mais aussi grâce au développement d’activités génératrices de revenus.
À noter que les structures congolaises Peder et Ghovodi ont formé les trois partenaires du programme sur la méthodologie résilience, la masculinité positive puis sur la gestion économique des activités génératrices de revenus et le développement d’association d’épargne et de crédit.
Sources :
***Unicef, La survie et le développement du jeune enfant